Archives mensuelles : avril 2022

David FOENKINOS, Deux sœurs (2019)

Mathilde est professeure de lettres, un métier qu’elle adore. Elle vit avec son petit ami Etienne. Ils doivent bientôt se marier et fonder une famille.

Mais tout s’écroule lorsque Etienne la quitte brusquement.

La première partie du roman montre la douleur et l’incompréhension de Mathilde. Dévastée, elle cherche à connaître la raison de sa rupture et cette raison a un nom : Iris, l’ex-compagne d’Etienne qui vient de rentrer de l’étranger. Son grand amour.

Mathilde perd pied. Sa douleur est telle qu’elle en déforme la réalité. Elle entend des choses qu’elle seule entend, mais elle l’ignore.

Lorsqu’elle doit quitter son appartement, Mathilde est accueillie par sa sœur Agathe qui est mariée avec Frédéric et a un bébé, Lili.

Mathilde s’installe peu à peu dans la vie d’Agathe et Frédéric. La cohabitation prend insidieusement une tournure imprévue. L’attitude de Mathilde s’avère douloureusement mesquine. Elle multiplie les actes déplacés. Jusqu’où va-t-elle aller ?

Le mot du lundi : catachrèse, n.f.

Bonjour ! Aujourd’hui nous allons parler rhétorique via le terme catachrèse.

Cette figure de style consiste à détourner ou à étendre un mot de son sens propre et strict pour l’appliquer à une autre réalité, à une autre idée, ce par :

  • métaphore ;
  • métonymie ;
  • synecdoque.

Exemples : « les pieds d’une table », « les bras d’un fauteuil », « en dent de scie »…

Le Petit Robert précise que cet usage est si courant que le terme détourné n’est plus senti comme relevant d’une figure de style : il est lexicalisé, c’est-à-dire transformé en une unité lexicale autonome (Cnrtl).

A jeudi !

Lisa BALAVOINE, Eparse (2018)

Eparse se compose de fragments empreints de poésie, un peu décalés aussi, tantôt élégants, tantôt plus grossiers, pour ne pas dire parfois complètement déjantés. Il est question d’amour, d’amants, de solitude, d’enfants, de doutes et d’échecs… Souvent sous forme de listes, d’inventaires qui ne laissent pas indifférent.e : énumérations de verbes ou d’expressions qui se suivent, se contredisent, rebondissent, nous racontent l’histoire que son autrice veut bien nous livrer… Sortes de billets éparpillés, griffonnés ça et là au détour d’une phrase, d’un mot qui en appellent d’autres, sur fond d’analepses, de prolepses, de jeux sur les mots, c’est magnifique.

Bonne lecture !

Le mot du lundi : isotopie, n.f.

Bonjour !

Aujourd’hui je vais vous parler d‘isotopie, un terme que vous avez dû rencontrer maintes fois si vous lisez mes analyses littéraires ;).

Ce concept a été introduit par le sémioticien A.J. Greimas dans son ouvrage Sémantique structurale : recherche de méthode (1966).

Il renvoie basiquement à un réseau de signifiés, ce qui n’est pas sans évoquer le champ lexical ou champ sémantique. L’isotopie est toutefois plus large.

Pour paraphraser Greimas et Courtés (Sémiotique : dictionnaire raisonné de la théorie du langage, 1979) il s’agit fondamentalement de l’itérabilité (répétition, récurrence) d’éléments qui confère au texte son homogénéité.

Enfin, cette itérabilité se manifeste de trois manières :

  • dénotation ;
  • connotation ;
  • analogie.

Bon lundi pascal !

Geneviève BRISAC, Les Enchanteurs (2022)

Bonjour !

J’ai rapidement lu le tout dernier roman de Geneviève Brisac, Les Enchanteurs. Le sujet m’intéressait : le monde du travail, plus particulièrement le secteur de l’édition, la puissance des grands pontes qui font et défont les avenirs en un tour de main.

Mais les personnages manquent d’épaisseur, Nouk (la narratrice) comprise. En fait, il y a dans ce roman quelque chose qui me déplaît globalement sans que je parvienne à l’identifier.

Ce que j’en retiens toutefois ?

J’ai bien aimé la narration, qui m’évoque vaguement et de loin celle d’Enfance de Nathalie Sarraute. La voix narrative, plurielle, sonne juste.

Par ailleurs la diversité du champ référentiel (auquel je suis très sensible) me semble à souligner : il est question de Virginia Woolf, Kafka, Kleist, Huysmans ou encore Madame de la Fayette… Cela agrandit la perspective et enrichit le texte.

A bientôt !

Le mot du lundi : hypertextualité, n.f.

Bonjour !

Aujourd’hui, fan de Gérard Genette oblige, j’ai choisi d’expliciter le terme hypertextualité.

L’hypertextualité constitue l’une des cinq formes de transtextualité telles que les a catégorisées Gérard Genette :

  1. hypertextualité ;
  2. intertextualité ;
  3. paratextualité ;
  4. métatextualité ;
  5. architextualité.

Parmi ces notions, nous avons déjà vu l’intertextualité (https://moncarnetlitteraire.wordpress.com/2022/03/14/le-mot-du-lundi-intertextualite-n-f/) et la paratextualité (à travers le terme https://atomic-temporary-202257811.wpcomstaging.com/2022/02/21/le-mot-du-lundi-paratexte-n-m/).

Le concept d’hypertextualité implique deux textes :

  • le texte source, texte « de départ » ou texte A, nommé hypotexte ;
  • le texte « d’arrivée » ou texte B, nommé hypertexte.

L’hypertextualité correspond à la relation entre ces deux textes, dont l’un est une récriture de l’autre. Cette récriture peut prendre quatre formes :

  1. le pastiche ;
  2. la parodie ;
  3. la transposition ;
  4. l’imitation.

Un exemple ?

On peut considérer les Confessions de Rousseau comme hypertexte des Confessions de Saint-Augustin (qui est alors son hypotexte).

Enfin, on distingue trois types de relations hypertextuelles :

  1. ludique ;
  2. satirique ;
  3. sérieuse.

A lire, l’incontournable : Gérard GENETTE, Palimpsestes, Seuil, 1982.

Bon lundi !

Nathalie AZOULAI, La Fille parfaite (2022)

J’ai tout récemment lu La Fille parfaite, un roman de Nathalie Azoulai que j’ai adoré. Ce qui m’a surtout plu ? Le sujet principal, les personnages et le style de l’auteur.

Le sujet principal, c’est l’amitié qui lie Rachel, la narratrice, littéraire issue d’une dynastie de littéraires, et Adèle, la scientifique, en qui son père place de nombreux espoirs.

Elles se perdent de vue, se retrouvent, ne se quittent plus, car elles ne sont jamais vraiment hors de la vie de l’une ou l’autre.

Ce roman porte essentiellement sur l’amitié et la compétition, mais pas seulement : le rôle de faire-valoir, la dichotomie lettres / sciences, l’impossible sérénité, la frustration et le succès sont également abordés.

La compétition est âpre. Elle ne fait pas de cadeau.

C’est finalement une œuvre d’art qui fera tout basculer.

L’autrice traite ces thèmes avec finesse et discernement.

Un livre par ailleurs riche d’intertextualité, construit sur un schéma d’analepses et de prolepses.

La Fille parfaite m’a donné envie de découvrir d’autres romans de l’autrice, notamment Titus n’aimait pas Bérénice (2015).

Bonne lecture !

Le mot du lundi : affixation, n.f.

Bonjour !

Aujourd’hui nous allons aborder des concepts linguistiques, notamment l’affixation.

Deux processus permettent de former des mots en opérant des combinaisons entre morphèmes. Ces mots obtenus sont des unités lexicales.

  1. premier processus : la composition. Il s’agit de mettre bout à bout des morphèmes lexicaux (on parle alors de concaténation). Par exemple : belle + sœur = belle-sœur ;
  2. deuxième processus : l’affixation. On retrouve ici les préfixes et suffixes, qui sont précisément des affixes. Existent aussi les infixes, qui sont des affixes de liaison. Les affixes s’accolent à une base / un radical.

On distingue deux types d’affixes :

  • les affixes flexionnels, qui concernent les verbes, les adjectifs et les noms ;
  • les affixes dérivationnels. Par exemple : on ajoute « -ement » à « serein » et on obtient l’adverbe « sereinement ».

N’hésitez pas à commenter, poser des questions… Et bon début de semaine !