Archives mensuelles : octobre 2023

Mikhaïl BOULGAKOV, Morphine (1927)

Morphine est une nouvelle quasi-autobiographique dans laquelle il est essentiellement question de l’addiction progressive et douloureuse d’un médecin à la morphine.

Russie, 1918

Dans ce récit court, cru et rapide, un médecin, Poliakov, appelle à l’aide un ancien collègue, Bomgard.

On apprend rapidement que Bomgard ne pourra pas sauver Poliakov. Il reçoit en effet peu après le journal intime de Poliakov qui le lui adresse comme une anamnèse après s’être donné la mort.

Ce journal intime s’insère dans le récit, créant par là une véritable mise en abyme (un récit dans le récit). A sa lecture on apprend la descente – en abyme ? – aux enfers de Poliakov : Morphine relate prestement le douloureux parcours d’un médecin qui tombe par quelques milligrammes ou centigrammes dans l’addiction à la morphine. Descente vertigineuse.

Peut-être devrais-je dire qu’il s’agit là d’un chef d’œuvre du genre, que la morphinomanie y est limpidement décrite, concentrée sur le phénomène de manque qui transforme un médecin en un être faible et agité, en un homme obsédé par la recherche d’un apaisement, de plaisirs artificiels, et, qui le réduit, finalement, à ses seules supplications.

Trop court ? Trop rapide ? Un dénouement trop attendu ?

Peut-être suis-je passée à côté de quelque chose durant ma lecture. Car ce livre m’a ennuyée, il m’a si peu apporté que je devrais sans doute le relire ! Il ne répond à aucune de mes interrogations.

Et vous qu’en pensez-vous ?

Le mot du lundi : amphibologie, n.f.

Le mot amphibologie est un substantif féminin.

Prenons un exemple proposé par le Cnrtl : louer une maison. On peut en effet louer une maison…

  • … en tant que locataire
  • … ou en tant que propriétaire de la maison.

Cela dépend du point de vue, mais surtout du contexte.

Prenons un autre exemple, cette fois-ci tiré du Larousse : « Les magistrats jugent les enfants coupables. » Ici, le propos prête à confusion :

  • qui est jugé coupable ? -> tous les enfants
  • ou bien : comment les enfants sont-ils jugés ? –> ils sont jugés coupables.

Ainsi, quelle que soit l’acception considérée, linguistique, rhétorique, philosophique, on retient essentiellement qu’il s’agit là d’un double sens, a priori dû à une maladresse, voire dû à un choix stylistique.

Qu’en est-il de l’étymologie ? Si pour le Larousse le terme amphibologie vient du grec amphibolos (« ambigu ») et logos (« discours »), le Petit Robert évoque quant à lui un terme formé du grec amphi (« double ») et ballein (« lancer »).

Petit point de linguistique

Vous le savez, certains termes ont la même forme au féminin et au masculin.

Par exemple :

  • un artiste, une artiste
  • un élève, une élève

Ces termes dont le genre est indifférencié portent un nom précis : ils sont dits épicènes.

Sachez qu’ils s’emploient comme noms communs ou comme adjectifs.

Pour aller plus loin :

https://www.cairn.info/revue-la-linguistique-2010-1-page-113.htm

https://www.cairn.info/qu-est-ce-qu-une-femme–9782373614084-page-167.htm

https://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2019-2-page-273.htm

https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9E2181

Bon week-end !

Ixchel DELAPORTE, Ecoute les murs parler (2023)

Sous la forme d’un roman, l’autrice, qui est aussi la narratrice, mène une enquête, un projet documentaire au sein de l’hôpital psychiatrique de Cadillac. Elle observe, puis elle approche et interroge les patients, se heurte au corps médical, s’attache, aussi, aux personnages que l’on considère comme fous, alors que la folie justement n’est rien de plus qu’un désolant raccourci.

Son écriture, toujours juste, précise et sensible (sans jamais tomber dans la sensiblerie) s’immisce intimement en nous.

Ixchel raconte. Elle dépeint une galerie d’individus tristes, seuls, malades, avides de rencontres. Leur souffrance, à vif, eux que la société écarte et conditionne, nous interpelle.

C’est au fond un témoignage riche de personnages hauts en couleur et que l’autrice s’attache à décrire dans leur individualité même, dans leur singularité. Chacun d’entre eux est nommé, puis décrit dans le contexte dans lequel il.elle s’inscrit.

Ce roman, d’une certaine manière, est une vraie leçon de vie, car chacun d’entre nous ne dissimule-t-il.elle pas ses failles sous de solides apparences ?

Ixchel DELAPORTE, Ecoute les murs parler, éditions L’Iconoclaste, 2023.

Le mot du lundi : écholalie, n.f.

Aujourd’hui, nous abordons le substantif féminin écholalie.

Quelques mots sur son étymologie : ce terme vient du grec (« écho ») auquel est accolé le suffixe -lalie (lalein) qui signifie « parler ».

Signification d’écholalie : il s’agit de la répétition automatique, machinale, par un sujet, des paroles – mots ou phrases – et souvent des chutes de phrases que vient de prononcer son interlocuteur. D’où la notion d’écho.

Présente au quotidien, sachez que l’écholalie est considérée comme un trouble du langage.

Sources : Cnrtl, Le Petit Robert

De la difficulté de finir un roman

Je n’énoncerai probablement que des banalités à ce sujet, qui mériterait pourtant d’être plus fouillé, approfondi, je vous l’accorde. C’est ici que les banalités débutent : certains romans nous marquent plus que d’autres. Des personnages attachants, sympathiques, hauts en couleur, qui nous ressemblent, ou en revanche ne nous ressemblent pas du tout, sur lesquels on se projette… La liste est longue pour expliquer ce phénomène.

Dans les Belles images par exemple, je me suis tellement attachée à l’héroïne, Laurence, fragile et forte à la fois, que je n’osais commencer un autre roman dans la foulée. C’est la même chose pour L’autre qu’on adorait de Catherine Cusset que j’ai lu en une journée. Je pourrais multiplier les exemples comme des paramécies. De manière générale, je veux rester imprégnée du précédent roman, y réfléchir, le feuilleter et le re-feuilleter, voire parfois, imaginer une autre fin…

Et vous, que pensez-vous de cet état latent qu’on aimerait voir se prolonger ?

Par ailleurs, j’ai oublié de vous apporter une précision à propos des Belles images : à relire à la lumière de l’ouvrage de Dorrit Cohn, La Transparence intérieure, une pépite que j’ai déjà évoquée.

Par ailleurs n°2, en ce moment je lis Ecoute les murs parler de Ixchel Delaporte, c’est passionnant – mais j’approche de la fin :(.

Bonne soirée !

Le mot simple du lundi : atermoyer

Le verbe atermoyer provient de l’ancien français termoier, « vendre à perte », « différer ». Selon le Larousse, il s’agit de remettre les choses à plus tard, de gagner du temps par des faux-fuyants.

Le CNRTL est plus précis : il distingue deux emplois, transitif et intransitif.

  • Dans le premier cas (verbe transitif), atermoyer signifie « prolonger les termes d’un paiement », ou encore « retarder, renvoyer quelque chose à plus tard ».
  • Dans le second cas (verbe intransitif), ce terme veut dire « demander ou chercher à obtenir des délais, différer pour gagner du temps ».