Archives pour la catégorie Figures de style

Les mots du lundi : conglobation, n.f. et expolition, n.f.

Je voulais vous parler du terme expolition lorsque je suis tombée sur un terme dont le sens est proche : conglobation.

Expolition

Jouant sur l’abondance et l’amplification, l’expolition met en valeur une pensée, un argument, par le biais de la répétition. Il s’agit précisément d’insister pour convaincre.

Voici un exemple tiré de Phèdre (1677 – Racine) :

« Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes. / Quiconque a pu franchir les bornes légitimes / peut violer enfin les droits les plus sacrés ; / ainsi que la vertu, le crime a ses degrés, / et jamais on n’a vu la timide innocence / passer subitement à l’extrême licence. / Un jour seul ne fait point d’un mortel vertueux / un perfide assassin, un lâche incestueux. »

Conglobation

Du latin conglobatio (accumulation, agglomération), conglobation consiste à accumuler, énumérer des termes semblables, mais l’idée principale ne sera énoncée qu’à la fin.

Voici un exemple issu des Caractères (1688) de la Bruyère :

« Si j’épouse, Hermas, une femme avare, elle ne me ruinera point ; si une joueuse, elle pourra s’enrichir ; si une prude, elle ne me sera point emportée ; (…) si une dévote, répondez, Hermas, que dois-je attendre de celle qui veut tromper Dieu, et qui se trompe elle-même ? »

Le mot du lundi : parrhésie, n.f.

De retour aujourd’hui après quelques semaines d’absence pour vous parler de la parrhésie.

Etymologiquement, parrhésie vient du grec parrhèsia, pan signifiant « tout » et résis, « discours ».

Foucault en a parlé notamment dans son dernier cours au Collège de France qui a été publié ; en voici la notice : Foucault M., 2009, Le courage de la vérité. Le gouvernement de soi et des autres II, Cours au collège de France 1984, Paris, Gallimard Seuil.

Parrhésie rassemble principalement deux acceptions :

Pour Foucault, il s’agit de « franc-parler », de « dire-vrai ». Pratiquer la parrhésie revient alors à parler librement et franchement, soit, si je puis dire, sans filtre.

Nous choisissons pour exemple, repris dans l’article sus-cité de la Croix, ces propos de Diogène à l’empereur Alexandre le Grand : « Ôte-toi de mon soleil ».

Enfin en stylistique, il s’agit d’exprimer ses sentiments profonds, souvent en employant le registre lyrique.

Passez un bon lundi !

Le mot du lundi : concaténation, n.f.

Le substantif féminin concaténation vient du bas latin concatenatio, -onis (XIVe siècle), « enchaînement ».

Nous l’avons déjà évoqué dans notre article du 4 avril 2022 sur l’affixation :

Le mot du lundi : affixation, n.f. | Paronomases et hyperbates – Carnet littéraire, entre vous et moi

Nous retenons deux acceptions :

  • philosophique : il s’agit d’un enchaînement des idées ou des concepts, d’une causalité ;
  • rhétorique : cette figure consiste à enchaîner une suite de propositions par la répétition d’un même mot. Par exemple, sur le site du CNRTL, est citée la tirade de Sganarelle dans Dom Juan de Molière : « … Le ciel est au-dessus de la terre ; la terre n’est point la mer ; la mer est sujette aux orages ; les orages tourmentent les vaisseaux… »

On parle d’anadiplose lorsqu’il n’y a qu’une occurrence.

Bon lundi !

Le mot du lundi : antilogie, n.f.

Lorsque l’on parle d‘antilogie, on exprime une contradiction entre les idées.

Par exemple, « Même si c’est vrai, c’est faux. » (H. MICHAUX, Tranches de savoir; cité dans le Gradus).

L’antonyme d’antilogie est « tautologie » (la tautologie est un vice logique consistant à présenter comme ayant un sens une proposition dont le prédicat ne dit rien de plus que le thème).

L’antilogie s’apparente :

  • au sophisme (il s’agit d’un raisonnement faux en dépit d’une apparence de vérité) ;
  • au paralogisme (il s’agit là encore d’un faux raisonnement, mais de bonne foi, ce qui le distingue du sophisme).

C’est un défaut de raisonnement : les idées semblent se contredire.

L’antilogie appartient par ailleurs au paradoxe en ce que l’incompatibilité des termes heurte le sens commun . S’il n’y a pas d’intelligibilité, elle constitue un non-sens.

Note sur les sources : je me suis basée sur le Littré et le Gradus pour rédiger cet article.

Le mot du lundi : antimétabole, n.f.

Le terme antimétabole vient du grec ancien :

  • anti : « en sens inverse »
  • meta : « changer »
  • ballein : « en jetant ».

L’antimétabole renvoie à une permutation syntaxique : deux phrases ou segments de phrase se suivent et la seconde emploie les mêmes mots que la première mais dans un ordre différent.

Par exemple :

« La philosophie, comme théorie de la métaphore, aura d’abord été une métaphore de la théorie. » (DERRIDA, Jacques, Marges, Paris, Minuit, 1972, p. 303)

Pour aller plus loin :

Si vous pensez notamment à deux autres figures de style, chiasme et antithèse, n’hésitez pas à lire cet article :

RABATEL Alain, « Points de vue en confrontation dans les antimétaboles PLUS et MOINS », Langue française, 2008/4 (n° 160), p. 21-36. DOI : 10.3917/lf.160.0021. URL : https://www.cairn.info/revue-langue-francaise-2008-4-page-21.htm