Archives mensuelles : janvier 2023

Le mot du lundi : concaténation, n.f.

Le substantif féminin concaténation vient du bas latin concatenatio, -onis (XIVe siècle), « enchaînement ».

Nous l’avons déjà évoqué dans notre article du 4 avril 2022 sur l’affixation :

Le mot du lundi : affixation, n.f. | Paronomases et hyperbates – Carnet littéraire, entre vous et moi

Nous retenons deux acceptions :

  • philosophique : il s’agit d’un enchaînement des idées ou des concepts, d’une causalité ;
  • rhétorique : cette figure consiste à enchaîner une suite de propositions par la répétition d’un même mot. Par exemple, sur le site du CNRTL, est citée la tirade de Sganarelle dans Dom Juan de Molière : « … Le ciel est au-dessus de la terre ; la terre n’est point la mer ; la mer est sujette aux orages ; les orages tourmentent les vaisseaux… »

On parle d’anadiplose lorsqu’il n’y a qu’une occurrence.

Bon lundi !

D’un texte à l’autre – Traduction : les bases techniques

Lorsque je lis un roman traduit d’une autre langue vers le français, je pense toujours que je ne lis pas l’œuvre d’un auteur, mais d’un auteur ET d’un traducteur (en chair et en os, donc avec son vécu, ses attentes, son expérience en traduction, ses propres lectures…), parce qu’il/elle a nécessairement fait des choix, parce qu’il/elle a aussi son style.

En licence j’ai suivi des cours de traduction anglais/français (littéraire et journalistique). J’ai aussi effectué des thèmes et versions en allemand et en japonais, un temps.

Récemment je me suis replongée dans mes ouvrages théoriques de l’époque, notamment l’Approche linguistique des problèmes de traduction, CHUQUET, Hélène & PAILLARD, Michel, éditions Ophrys, 1989.

J’ai lu par ailleurs divers articles à ce sujet, et j’ai alors pensé que ce pourrait être intéressant de vous proposer une synthèse des procédés de traduction.

Les auteurs de l’Approche linguistique des problèmes de traduction rappellent eux-mêmes les procédés de traduction tels que définis par VINAY et DARBELNET (Stylistique comparée du français et de l’anglais, Didier, 1958) tout en apportant quelques modifications. Ainsi, si sept procédés étaient initialement recensés, ils sont aujourd’hui au nombre de huit :

1. L’emprunt (borrowing)

Le terme n’est tout simplement pas traduit d’une langue à l’autre (on parle de langue de départ ou langue source et de langue d’arrivée). Par exemple, on lira dans un texte anglais « the Bibliothèque Nationale ».

2. Le calque (word-for-word)

Il s’agit d’un emprunt traduit littéralement. Exemple : « Ce n’est pas ma tasse de thé » pour « It’s not my cup of tea ».

3. La traduction littérale (literal translation)

Il s’agit de traduire la langue source mot à mot. Exemple : « tirer à sa fin » pour « to draw to an end », ou « avoir un mot sur le bout de la langue » pour « to have a word on the tip of the tongue ».

4. La transposition

On change de catégorie grammaticale. Exemples : « at some level of consciousness » (nom) pour « plus ou moins consciemment » (élément adverbal), « à vendre » pour « for sale ».

5. La modulation

On change de point de vue. Il peut s’agir d’un passage :

  • de l’abstrait au concret ;
  • d’une partie au tout ;
  • d’une affirmation à une négation…

Exemple : « You are aware that » (affirmation) pour « Vous n’êtes pas sans savoir » (négation).

6. L’équivalence

On traduit un message dans sa globalité. Il s’agit notamment d’expressions figées, d’expressions idiomatiques. Par exemple : « What’s up ? » pour « Quoi de neuf ? ».

7. Les collocations

Les mots se marient et demeurent automatiquement indissociables. Exemple : « Il se mettait en quatre » pour « He bent over backward ».

8. L’étoffement (expansion)

Les prépositions, pronoms ou adverbes interrogatifs anglais sont traduits par un syntagme verbal ou nominal en français. Exemple : « I picked up the magazine from the stack on the table » pour « Je pris un magazine dans la pile qui se trouvait sur la table ».

A bientôt pour d’autres considérations sur la traduction, plus stylistiques.

Le mot du lundi : prodrome, n.m.

Voici un mot glané en flânant dans mes livres et dont on retient surtout le sens propre. Au figuré, prodrome signifie « précoce, précurseur ». Aujourd’hui il est bien ancré dans l’usage littéraire où il renvoie à un « avant-coureur », à un « signe précurseur ».

Par ailleurs ce terme nous vient du latin prodromus, lui-même emprunté du grec prodromos : « qui court devant, précède en courant ».

A bientôt.

Le mot du lundi : aphérèse, n.f.

L’aphérèse, nous l’avons évoqué précédemment (Le mot du lundi : épenthèse, n.f. | Paronomases et hyperbates – Carnet littéraire, entre vous et moi), est un métaplasme*.

L’aphérèse existe dans plusieurs domaines, nous nous concentrerons sur la phonétique.

En phonétique, il s’agit de la suppression d’un phonème* ou groupe de phonèmes à l’initiale d’un mot.

Deux exemples :

  • « T’y vois core moins clair que moi. » (JOYCE, James, Ulysse, cité dans le Gradus).
  • On dit souvent « car » au lieu d’ « autocar ».

Notons enfin que l’aphérèse est un relâchement usuel de l’expression davantage qu’un procédé littéraire.

Lexique :

*Métaplasme : toute modification phonétique ou morphologique qui modifie un mot par quatre procédés :

  • addition ;
  • supression ;
  • permutation ;
  • substitution.

*Phonème : il s’agit de la plus petite unité distinctive en linguistique (plus petite unité de son ou phonologique).

A bientôt !

Le mot du lundi : coruscant, adj. v.

Pour commencer l’année en beauté, nous avons choisi le terme coruscant, découvert au hasard de nos lectures.

Précisons tout de suite qu’il s’agit d’un terme vieilli et littéraire.

Coruscant signifie « qui brille intensément, qui scintille ».

J’aime beaucoup l’exemple qui illustre coruscant sur le site du CNRTL et qui provient de la correspondance de Paul Valéry avec André Gide (VALERY, Correspondance, 1891, p.109) :

« J’ai le cerveau plein de ces vents et de ces coruscantes vagues qui hennissent. »

En le relisant, j’avoue que l’exemple cité n’aide pas tellement à la compréhension du terme, mais ne m’en voulez pas, c’est lundi 😉 et puis n’est-ce pas joli ?