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D’un texte à l’autre – Traduction : les bases techniques

Lorsque je lis un roman traduit d’une autre langue vers le français, je pense toujours que je ne lis pas l’œuvre d’un auteur, mais d’un auteur ET d’un traducteur (en chair et en os, donc avec son vécu, ses attentes, son expérience en traduction, ses propres lectures…), parce qu’il/elle a nécessairement fait des choix, parce qu’il/elle a aussi son style.

En licence j’ai suivi des cours de traduction anglais/français (littéraire et journalistique). J’ai aussi effectué des thèmes et versions en allemand et en japonais, un temps.

Récemment je me suis replongée dans mes ouvrages théoriques de l’époque, notamment l’Approche linguistique des problèmes de traduction, CHUQUET, Hélène & PAILLARD, Michel, éditions Ophrys, 1989.

J’ai lu par ailleurs divers articles à ce sujet, et j’ai alors pensé que ce pourrait être intéressant de vous proposer une synthèse des procédés de traduction.

Les auteurs de l’Approche linguistique des problèmes de traduction rappellent eux-mêmes les procédés de traduction tels que définis par VINAY et DARBELNET (Stylistique comparée du français et de l’anglais, Didier, 1958) tout en apportant quelques modifications. Ainsi, si sept procédés étaient initialement recensés, ils sont aujourd’hui au nombre de huit :

1. L’emprunt (borrowing)

Le terme n’est tout simplement pas traduit d’une langue à l’autre (on parle de langue de départ ou langue source et de langue d’arrivée). Par exemple, on lira dans un texte anglais « the Bibliothèque Nationale ».

2. Le calque (word-for-word)

Il s’agit d’un emprunt traduit littéralement. Exemple : « Ce n’est pas ma tasse de thé » pour « It’s not my cup of tea ».

3. La traduction littérale (literal translation)

Il s’agit de traduire la langue source mot à mot. Exemple : « tirer à sa fin » pour « to draw to an end », ou « avoir un mot sur le bout de la langue » pour « to have a word on the tip of the tongue ».

4. La transposition

On change de catégorie grammaticale. Exemples : « at some level of consciousness » (nom) pour « plus ou moins consciemment » (élément adverbal), « à vendre » pour « for sale ».

5. La modulation

On change de point de vue. Il peut s’agir d’un passage :

  • de l’abstrait au concret ;
  • d’une partie au tout ;
  • d’une affirmation à une négation…

Exemple : « You are aware that » (affirmation) pour « Vous n’êtes pas sans savoir » (négation).

6. L’équivalence

On traduit un message dans sa globalité. Il s’agit notamment d’expressions figées, d’expressions idiomatiques. Par exemple : « What’s up ? » pour « Quoi de neuf ? ».

7. Les collocations

Les mots se marient et demeurent automatiquement indissociables. Exemple : « Il se mettait en quatre » pour « He bent over backward ».

8. L’étoffement (expansion)

Les prépositions, pronoms ou adverbes interrogatifs anglais sont traduits par un syntagme verbal ou nominal en français. Exemple : « I picked up the magazine from the stack on the table » pour « Je pris un magazine dans la pile qui se trouvait sur la table ».

A bientôt pour d’autres considérations sur la traduction, plus stylistiques.