Archives pour la catégorie Genres brefs

DUMAS, Alexandre, La Dame pâle (1849)

Voici la 4e de couverture

« Texte extrait du recueil des Mille et Un Fantômes

Au cœur des Carpathes, dans le sombre château de Brankovan, les princes Grégoriska et Kostaki, s’affrontent pour conquérir la belle Hedwige. Or Kostaki est un vampire qui revient chaque nuit assouvir sa soif de sang auprès de la jeune femme devenue l’objet d’une lutte sans merci entre les deux frères.
Une étrange histoire pleine de romantisme et de fantastique où l’angoisse le dispute au romanesque… »

Ce que j’en retiens

Un texte incroyable, à lire à la lumière de la narratologie puisqu’il s’agit d’un récit enchâssé dans un premier récit qui l’englobe. Racontée par la dame pâle, l’histoire mêle action, effroi, fantastique… Même si l’on connaît le résumé, la figure surgissante du vampire crée son effet et suscite à la fois crainte et horreur. Un texte incontournable à lire et à explorer ! J’ai adoré.

Ivan TOURGUENIEV, Clara Militch (1883)

Je viens de finir de lire Clara Militch, une nouvelle écrite par Ivan TOURGUENIEV en 1882 puis publiée en 1883.

Voici la 4e de couverture

Lorsque Jacques Aratov rencontre Clara Militch, une jeune et talentueuse actrice, il est troublé, ému.
Mais les mois passent et il ne pense plus guère à elle, jusqu’au jour où il apprend qu’elle s’est suicidée. Commence alors pour Aratov une quête amoureuse et désespérée sur les traces de Clara Militch pour comprendre son geste…

Une incroyable et bouleversante histoire d’amour par-delà la mort.

Mon résumé

Que dire de plus ? Que quelques regards égarent un jeune homme, Aratov ? Qu’il fait la rencontre éphémère avec une actrice, Clara ? Tout est dit, et pourtant on a envie de comprendre et de s’interroger sur ce qui marquera, à l’insu du personnage, son existence jusqu’à la mort. Car son enquête pour comprendre le geste de désespoir de Clara le mène finalement à une sorte de folie, mais une folie souriante, une folie heureuse, suivie d’une mort heureuse.

Mon avis

J’avoue que cette nouvelle m’a d’abord fait penser aux écrits fantastiques, et pourtant je crains de passer à côté de la beauté de ce texte si je l’enferme dans une catégorie. C’est une histoire d’amour impossible que raconte le narrateur, mais dans quelle diégèse l’amour ne peut-il pas être possible ? J’ai beaucoup aimé cette lecture, le style est fluide, les personnages attachants. La mort y est présentée comme un instant nécessaire, une belle et lumineuse suite de ce qu’aura été la vie.

C’est là une magnifique nouvelle, qu’on lit d’une traite et qui laisse le lecteur mi-éberlué, mi-apaisé…

Edgar Allan POE, La Chute de la maison Usher (1839)

Je viens de finir de lire un court récit mené d’un bout à l’autre à un rythme saccadé par un narrateur attentif et observateur. Il s’agit de la Chute de la maison Usher, publié par Edgar Allan Poe en 1839.

Résumé

Roderick Usher vit avec sa sœur dans une sinistre demeure. Le narrateur vient y séjourner quelques semaines, ayant reçu une lettre de son ami l’y invitant instamment. Il découvre alors la maison qui lui inspire d’emblée quelque terreur, avant de pénétrer à l’intérieur où l’y attend son ami.

Conte ou nouvelle ?

Si le terme « conte » est utilisé couramment au XIXe siècle, la Chute de la maison Usher n’est pas sans présenter les caractéristiques d’une « nouvelle », notamment par sa structure : brièveté, réalité, chute, mais aussi par l’introduction d’un élément dans le récit que Todorov nomme « hésitation ». L’hésitation du narrateur (et du lecteur si l’on s’intéresse aux théories de la réception) est telle qu’elle sous-entend une dimension fantastique au récit, déjà esquissée par l’isotopie de l’affliction et celle de la peur.

Nouvelle fantastique

Plusieurs éléments concordent pour pouvoir parler de nouvelle fantastique.

C’est précisément au milieu du récit (l.286-288) que l’on sent un basculement hors de la réalité tangible : « j’appris que le coup d’œil que j’avais jeté sur elle serait probablement le dernier, – que je ne verrais plus la dame, vivante du moins. »

L’aspect fantastique est renforcé par des expressions telles que « sensations extranaturelles » (l.222), mais prévalent indéniablement les isotopies qui se mêlent, s’approchent, se démêlent, à mesure que le terme « mélancolie » laisse place à l’oppression, au malaise, et jusqu’à l’épouvante : « le sinistre fantôme, la PEUR ! » (l.269).

Brièvement

Voici un récit très rapide et très facile à lire et dont les clés de lecture sont très accessibles. Le résumé est succinct à dessein : je ne veux pas vous en dire plus !

Pour aller plus loin

https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-chute-de-la-maison-usher-pourquoi-cette-nouvelle-d-edgar-poe-fascine-autant-8374918

https://www.cairn.info/revue-francaise-d-etudes-americaines-2013-1-page-27.htm

https://www.cairn.info/revue-etudes-2008-6-page-789.htm

Haruki MURAKAMI, L’étrange bibliothèque (2015)

Je viens tout juste de refermer L’étrange bibliothèque, une œuvre déconcertante, envoûtante, écrite par Haruki MURAKAMI.

Conte ou nouvelle, L’étrange bibliothèque nous entraîne à la suite d’un jeune garçon, le narrateur, dans les méandres d’une bibliothèque où il était initialement venu rendre des livres (oui, quoi de plus commun, me direz-vous).

Il rencontre alors un vieillard autoritaire qui l’emmène à travers un labyrinthe improbable jusque dans une cellule où il doit lire trois ouvrages… Puis il fait la connaissance d’un homme-mouton, avant qu’une fillette muette lui apporte son repas. Il comprend bientôt qu’il est pris au piège et apprend que les connaissances acquises lors de ses lectures et qui enrichissent son cerveau seront aspirées par le vieillard.

L’enjeu ? S’enfuir au plus vite avec l’homme-mouton (grand amateur de donuts) avant d’avoir le crâne scié !

S’il évoque un songe, L’étrange bibliothèque soulève également une interrogation sur le savoir : comment est-il acquis, peut-on se contenter du savoir d’autrui, a-t-on besoin de tout savoir sur tout, etc.

Un voyage difficilement concevable dans l’univers de Murakami, des personnages étonnants et un décor sombre, une once de fantastique, font de L’étrange bibliothèque une œuvre onirique et étrange, curieuse et singulière.