Archives mensuelles : août 2022

Le pluriel des compléments du nom

Qu’est-ce qu’un complément du nom ?

Un complément du nom, c’est, par exemple, le segment « de lait » dans « un verre de lait ». En effet les deux termes (le nom et son complément) sont rattachés par une préposition :

  • là ;
  • de ;
  • par ;
  • pour ;
  • sans…

Il peut se construire sans préposition, notamment à l’oral, par exemple : « un café crème ».

L’accord

On accorde ce qui est comptable (terme que l’on peut dénombrer), par exemple les « colliers de perles », « les brosses à cheveux »…

On laisse invariables les matières : « en écaille », « en éponge », « des manteaux en cuir »…

J’espère que cela vous aura éclairé.

A bientôt !

Le mot du lundi : s’emberlucoquer, v.

Je vous l’avoue, mais peut-être l’aviez-vous obervé, j’ai une certaine propension à choisir pour cette rubrique des mots déchus.

Aujourd’hui, ce sera un terme populaire, soit le verbe (s’)emberlucoquer.

Ce verbe, que je connais pour son apparition dans l’œuvre de Rabelais, figure dans peu de documents explicatifs, qu’ils soient en ligne ou imprimés. Il pose par ailleurs, on va le voir, un problème relatif à son caractère pronominal (pour rappel, les verbes pronominaux se conjuguent avec un pronom réfléchi « me, te, se, nous, vous) ou non pronominal.

Selon le Littré, s’emberlocoquer, verbe réfléchi, signifie « s’entêter d’une idée, s’attacher aveuglément à une opinion ».

Un verbe pronominal ? Controverse

En effet, j’ai d’abord relevé la définition « embarrasser, troubler, remplir l’esprit de chimères », induisant qu’il ne s’agit pas là d’un verbe pronominal (absence de pronom réfléchi).

Pourtant selon d’autres sources, le verbe s’emberlucoquer semble être un verbe exclusivement ou plus précisément « essentiellement » pronominal. Ainsi dans le dictionnaire de l’Académie française de 1762, il est défini comme verbe pronominal réfléchi, terme populaire, signifiant « se coiffer d’une opinion, s’en préoccuper tellement, qu’on en juge aussi mal que si on avait la berlue ». Dans l’édition de 1798, il est notifié que ce verbe ne s’emploie qu’avec un pronom personnel.

Rabelais

Revenons à Rabelais. On trouve plusieurs occurrences du verbe (s’)emberlucoquer dans son œuvre, notamment dans le livre I, chapitre VI :

« Ha, pour grace, n’emberlucoquer jamais vos esperitz de ces vaines pensées ».

En note de bas de page, il s’agit de « s’emplir la tête de chimères semblables à celles que les Moines ont accoûtumé de loger fous leurs capuchons de bures ».

Une origine floue

Enfin, si son origine est inconnue, ce verbe pourrait être construit sur le terme embrouiller ou berlue, berlu, (hurluberlu) et coquer, coque, capuchon = s’encapuchonner de berlue, voir des choses qui ne sont pas.

Passez une bonne semaine !

Le mot du lundi : épitrochasme, n.m.

Bonjour !

Aujourd’hui je vais vous parler d’une figure de style, l’épitrochasme.

Cette figure de style, plus spécifiquement figure de rythme, consiste à accumuler des mots courts et expressifs.

Un exemple bien connu : l’expression de Jules César en 47 av. JC, « Veni, vidi, vici ».

L’effet rythmique est bien présent !

L’épitrochasme est par ailleurs fréquemment employé dans l’invective.

Bon début de semaine !

Le mot du lundi : périssologie, n.f.

Bonjour ! Aujourd’hui nous allons parler répétition.

La périssologie est un vice d’élocution consistant à ajouter à une pensée déjà exprimée d’autres termes surabondants (Gradus, les procédés littéraires) et donc inutiles.

L’exemple cité dans le Gradus est extrait de L’Ecume des jours de Boris Vian :

« Puis-je me permettre de prier Monsieur de bien vouloir m’autoriser à reprendre mes travaux ? »

Notons enfin que là où le pléonasme est une figure de style, la périssologie est un défaut.

Bonne semaine !

Le mot du lundi : euphuisme, n.m.

Bonjour ! Au programme aujourd’hui, le terme euphuisme, qui nous vient de l’Angleterre élisabéthaine (Euphuès est le titre d’un ouvrage de l’écrivain anglais John Lyly (1554-1606), paru en 1578-1580).

Euphuisme signifie style maniéré, il se caractérise par :

  • ses excès formels (nombre de questions rhétoriques, parallélismes, antithèses…) ;
  • l’emploi de procédés euphoniques (allitérations, assonances, rimes) ;
  • l’usage de figures de style, notamment images et comparaisons ;
  • son goût savant (citations, allusions, notamment aux littératures anciennes) ;
  • son style maniéré, son affectation dans le langage.

Notons la fonction sociale de l’euphuisme, car il s’agit là du langage de la Cour.

Je tiens à préciser que je me suis fortement inspirée du Jarrety* pour rédiger cet article.

* JARRETY, Michel (sous la dir. de), Lexique des termes littéraires, Le Livre de poche, 2001.

Passez une bonne journée !