Archives mensuelles : décembre 2023

Anthologie : 10 nouvelles fantastiques de l’Antiquité à nos jours

Je viens de finir de lire les nouvelles regroupées dans l’anthologie 10 nouvelles fantastiques de l’Antiquité à nos jours. Voici celles qui m’ont particulièrement marquée.

J’ai été très étonnée à la lecture de la Maison hantée écrite par… Pline le jeune ! Le fantastique n’est donc pas né avec Hoffmann et Chamisso au XIXe siècle. En quelques paragraphes Pline le jeune parvient à capter l’attention du lecteur en lui proposant une histoire de fantôme des plus originales.

J’ai également adoré le Coquillage de Ray Bradbury : il y est question d’un petit garçon et d’un étrange coquillage. Le placer près de son oreille ne sera pas sans conséquence. C’est sa mère elle-même – qui lui a innocemment offert ce présent – qui découvrira l’horreur du dénouement.

Le recueil s’achève avec Fonds d’écran de Pierre Bordage. C’est l’histoire d’un adolescent qui cherche à s’intégrer à l’école. Est-ce que le téléphone portable qu’il vient de s’offrir pourra lui apporter quelque notoriété auprès de ses pairs, sinon au moins le rendre un peu populaire ? Vous le découvrirez en lisant cette nouvelle contemporaine, dans laquelle un objet banal va se transformer en objet maléfique…

10 nouvelles fantastiques de l’Antiquité à nos jours, présentées par Alain Grousset, Flammarion jeunesse, 2019.

Bonne lecture !

Auteure, autrice ?

Actuellement les deux termes « auteure » et « autrice » coexistent pour féminiser le terme « auteur ».

Dès lors, une question se pose : lequel est le plus légitime ? Est-ce une faute d’employer l’un ou l’autre ? Et par conséquent, lequel employer en toute correction ?

La réalité n’est pas si simple.

« Auteure » est un néologisme venu du Canada qui porte la préférence de l’Académie française ; il est par ailleurs plus fréquemment employé que le terme « autrice ».

La forme « autrice », plus régulière, semble ainsi plus correct grammaticalement car il se forme comme les autres termes masculins finissant en -eur : lecteur – lectrice, créateur – créatrice… En revanche il peut être entendu comme agressif à l’oreille.

A savoir : « les deux termes « auteure » et « autrice » sont finalement entrés dans l’usage, or pour l’Académie française, c’est l’usage qui fait la règle.

Alors, « autrice » ou « auteure » ? Ou encore « écrivaine » ? « Ecrivaine », ce sera pour une prochaine fois 😉 !

Je vous invite à consulter les liens ci-dessous, qui vous apporteront de précieuses indications !

Pour aller plus loin

https://www.lalanguefrancaise.com/orthographe/auteure-ou-autrice

https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/2018/03/07/37002-20180307ARTFIG00093-auteure-autrice-ecrivaine-quelle-orthographe-employer.php

https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/auteure-ou-autrice-cette-feminisation-des-noms-de-metier-qui-seme-le-doute-20220308

Où quelques mots suffisent pour créer des images (oui, le propre de la poésie)

« (…) La grâce dérobée des fleurs.

Parce qu’elles s’inclinent sous leur propre poids, certaines jusqu’à terre, on dirait qu’elles vous saluent, quand on voudrait les avoir soi-même, le premier, saluées.

Ainsi groupées on dirait une figure de ballet (…). »

Plus loin :

« (…) Elles s’ouvrent, elles se déploient, comme on voudrait que le fassent le temps, notre pensée, nos vies.

L’ornement, l’inutile, le dérobé

Saluez ces plantes, pleines de grâce

Parure, vivante, brièveté changée en parure, fragilité faite parure

Avec ceci de particulier, sinon de plus, qu’elles pèsent, qu’elles s’inclinent, comme trop lasses pour porter leur charge de couleur. Quelques gouttes de pluie et ce serait l’éparpillement, la défaite, la chute (…) ».

Et finalement :

« (…) Elles n’auront pas duré (…) ».

Cette citation est extraite du poème « Les Pivoines », lui-même extrait de l’ensemble « Après beaucoup d’années » (JACCOTTET, Philippe, Cahier de verdure suivi de Après beaucoup d’années, Gallimard, 1994).

Taxinomie, taxonomie, n.f.

Que vous évoquent ces deux termes ? Une seule lettre peut-elle les différencier ? C’est ce que je croyais jusqu’à ce que je consulte le CNRTL, qui les place sur le même plan :

https://www.cnrtl.fr/definition/taxinomie

Nous retenons d’abord deux acceptions scientifiques :

  1. Science des lois et des principes de la classification des organismes vivants ;
  2. Classification d’éléments, suite d’éléments formant des listes qui concernent un domaine, une science.

En linguistique, il s’agit de la classification d’éléments, de suites d’éléments formant des listes qui concernent un domaine, une science.

J’ai découvert ces termes lorsque je travaillais sur Georges Perec dans le cadre de mon master 2 de lettres modernes. J’avoue m’être bien amusée à étudier les listes, les inventaires, les classifications, les énumérations qui foisonnent dans son œuvre, aussi bien dans les Choses que dans la Vie mode d’emploi

Pour aller plus loin

Georges PEREC, Penser/Classer, éditions du Seuil, 2003

Et aussi
https://larepubliquedeslivres.com/georges-perec-en-plein-vertige-taxinomique/

https://www.cairn.info/reel-de-la-science-reel-de-la-psychanalyse–9782749266404-page-113.htm


Edgar Allan POE, La Chute de la maison Usher (1839)

Je viens de finir de lire un court récit mené d’un bout à l’autre à un rythme saccadé par un narrateur attentif et observateur. Il s’agit de la Chute de la maison Usher, publié par Edgar Allan Poe en 1839.

Résumé

Roderick Usher vit avec sa sœur dans une sinistre demeure. Le narrateur vient y séjourner quelques semaines, ayant reçu une lettre de son ami l’y invitant instamment. Il découvre alors la maison qui lui inspire d’emblée quelque terreur, avant de pénétrer à l’intérieur où l’y attend son ami.

Conte ou nouvelle ?

Si le terme « conte » est utilisé couramment au XIXe siècle, la Chute de la maison Usher n’est pas sans présenter les caractéristiques d’une « nouvelle », notamment par sa structure : brièveté, réalité, chute, mais aussi par l’introduction d’un élément dans le récit que Todorov nomme « hésitation ». L’hésitation du narrateur (et du lecteur si l’on s’intéresse aux théories de la réception) est telle qu’elle sous-entend une dimension fantastique au récit, déjà esquissée par l’isotopie de l’affliction et celle de la peur.

Nouvelle fantastique

Plusieurs éléments concordent pour pouvoir parler de nouvelle fantastique.

C’est précisément au milieu du récit (l.286-288) que l’on sent un basculement hors de la réalité tangible : « j’appris que le coup d’œil que j’avais jeté sur elle serait probablement le dernier, – que je ne verrais plus la dame, vivante du moins. »

L’aspect fantastique est renforcé par des expressions telles que « sensations extranaturelles » (l.222), mais prévalent indéniablement les isotopies qui se mêlent, s’approchent, se démêlent, à mesure que le terme « mélancolie » laisse place à l’oppression, au malaise, et jusqu’à l’épouvante : « le sinistre fantôme, la PEUR ! » (l.269).

Brièvement

Voici un récit très rapide et très facile à lire et dont les clés de lecture sont très accessibles. Le résumé est succinct à dessein : je ne veux pas vous en dire plus !

Pour aller plus loin

https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-chute-de-la-maison-usher-pourquoi-cette-nouvelle-d-edgar-poe-fascine-autant-8374918

https://www.cairn.info/revue-francaise-d-etudes-americaines-2013-1-page-27.htm

https://www.cairn.info/revue-etudes-2008-6-page-789.htm